Franciszka et Stefan Themerson ( 1910/1908 -1988) bien que figures majeures du XXe ont une trace discrète est inversement proportionnelle à l’influence profonde exercée sur nombre d’artistes. Ils se sont rencontrés à Varsovie en 1930, et dès lors, leur vie fut une succession de collaborations remarquables. Franciszka était peintre, illustratrice, réalisatrice et scénographe, Stefan était poète, cinéaste, compositeur, écrivain et théoricien de l’art et du cinéma. Le cinéma fut le premier terrain de collaboration créative des jeunes époux Themerson, répondant au « désir ardent de créer des visions », – énoncé dans un texte resté célèbre de Stefan. Les cinq films sans précédent qu’ils réalisent entre 1930-1937 Apteka (Pharmacie) 1930, Europa, 1931–32, Drobiazg Melodyjny (Un moment musical)1933, Zwarcie’ (Court-circuit) 1935 et Przygoda Czlowieka Poczciwego (The Adventures of a Good Citizen] 1937, la participation à la SAF, une coopérative de cinéastes indépendants, et la création en 1937 de f.a., une revue consacrée au film d’art, en font des figures clés de l’avant-garde polonaise. Leurs films se distinguent par une grande liberté d’improvisation, ayant recours à des matériaux rudimentaires, notamment au travers de la technique d’animation des photogrammes mis en mouvement par le jeu des ombres et de la lumière, à l’instar des réalisations de Man Ray ou Hans Richter. De ces films considérés comme fondateurs du cinéma expérimental polonais, dont des fragments témoignent de l’inventivité et de la beauté plastique, un seul a survécu à la destruction durant la guerre. Les Themerson, en plus d’être les pionniers du cinéma expérimental, ont exploré toutes les formes d’art : photographie, photomontage, dessin, peinture, musique, littérature, poésie visuelle, typographie, et étaient aussi auteurs de livres pour enfants considérés comme des classiques en Pologne. Ayant émigré à Paris en 1938, puis à Londres en 1942, le couple réalisa deux derniers films de commande pour le Polish Film Unit en exil, avant de se consacrer à l’édition et à leurs nombreuses activités poétiques et artistiques. Amis des dadaïstes, de Kurt Schwitters ou de Raoul Hausmann, Jankiel Adler, proches du Collège de Pataphysique ils fondent en 1948 une maison d’édition Gaberbocchus
Press considérée à l’époque comme la plus importante et la plus originale maison indépendante d’édition de Grande Bretagne. Ils deviennent traducteurs et éditeurs d’Apollinaire, Alfred Jarry, Raymond Queneau, Bernard Russel. En parallèle, ils organisent dans une cave de Londres le Gaberbocchus Common Room, le premier salon artistique où l’on discute d’art, de poésie, de science, de physique, de métaphysique et de pataphysique.