Teresa Tyszkiewicz, née en 1953 en Pologne. Vit et travaille en France.
Teresa Tyszkiewicz débute sa carrière artistique en 1978, en réalisant de films avec Zdzislaw Sosnowski, son mari et artiste. Leurs films expérimentaux donnent le ton, et exposent une saturation d’érotisme, où ils dénoncent l’influence grandissante de la culture de masse. Formellement, ces films constituent des œuvres pionnières dans le contexte culturel puritain de la Pologne des années 80. Les films que Teresa réalise seule par la suite sont les enregistrements de ses performances, des « images de l’imagination en mouvement », comme elle les appelle, qui explorent la sphère contemporaine des significations et des symboles liés à la femme, en questionnant les rôles attribués par la biologie et la culture. Tous ses films seront à la fois une recherche sur les conditions et les normes sociales, sur le consumérisme, et son reflet dans un cadre socialiste mais surtout, une recherche sur son rôle personnel en tant que femme dans la structuration des conditions sociales où elle introduira des éléments poétiques voire surréaliste. Car en même temps l’œuvre de Teresa Tyszkiewicz s’inscrit dans un courant de la fin des années 70, qui conteste les paradigmes de l’art moderniste et commence une critique de la domination de l’instrument, de la raison, de l’industrie, de la technologie – essence même de la domination patriarcale sur celle de la Nature, – synonyme du féminin, du corps, de l’irrationnel du subconscient, du spirituel ou du mystique. C’est dans ce contexte et au moment où elle décide d’émigrer en France au début des années 80 que Teresa Tyszkiewicz commence à travailler avec les épingles qui deviendront son insigne. Comme plusieurs femmes artistes de ces dernières décennies sa pratique revendique un intérêt originel pour les activités de couture, de broderie, assignés dans l’histoire au féminin et associés au processus matériel de la « fabrication » et «reproduction». D’immenses toiles, lourdes de milliers d’aiguilles, qui portent l’inscription de la peine, de tableaux sculpturaux subversifs où sont imprimés les traces du travail quotidien et l’empreinte de l’obstination. L’artiste « épingle » aussi bien des objets que des photographies -uniquement ses autoportraits. Ces toiles remplies d’énergie vitale, tantriques ou méditatives, composées en motifs rythmiques qui peuvent ressembler à une semence de graines semble rendre hommage aux lois de la nature et aux origines de la vie, donc à la femme.
Teresa Tyszkiewicz est considérée en Pologne comme une des artistes phares des années 80. En France, elle a bénéficié de quelques expositions personnelles et plus récemment ses films ont été exposés dans le cadre de l’exposition Intenses proximités d’Okwui Enwezor lors de la Triennale de Paris au Palais de Tokyo en 2012. En 2017 Common Room en collaboration avec la galerie Anne de Villepoix a organisé une exposition individuelle de l’artiste.